Archive for the ‘Littérature’ Category

Mes récentes activités plus diurnes que d’habitude me font remarquer qu’à Montréal, le printemps arrive en février. J’étais adapté aux lourds hivers des régions, les bancs de neige qui dépassent le toit des maisons ; et aussi à ceux de la capitale, plus doux, mais tout aussi enveloppants. Dans cette ville, plus froide et plus bipolaire que n’importe quelle salope, on se tanne vite des beaux moments sous les flocons. Le ciel vomit ses élucubrations, s’en guérit et recommence le printemps, sans même voir ses eaux s’envoler. Ça fait peur, surtout que je me surprends à parler de la température. Ça me rassure aussi, parce que j’ai le goût de faire une liste, la liste des choses qui vont renaître bientôt, en moi et en ce monde. C’est optimiste, une liste. J’ai hâte de travailler un peu plus et peut-être avoir plus d’argent. Me gâter au Magical Blend, chez Gap et dans un bar avec du Jack. Mon projet de thèse verra le jour bientôt, j’attends que cette session ait fini de nourrir mon inspiration. Célébrer l’anniversaire de ma stagnation montréalaise en allant pour la première fois au Mont-Royal et prier au Soleil. Il faudrait que je m’immerge dans un cercle ou deux, un coven, afin de trouver où circulent les lignes Ley dans c’te ville. Prendre des notes et les ramener, les cultiver. Comme les boites à fleurs qui attendent leur sauge et leur basilic. Apprécier l’Ostara à venir en savourant l’hiver encore présente et en dégustant le dernier d’Amélie Nothomb. (Merci, amour de me pourvoir en livres.) Appeler Nath et la remercier de m’avoir dit de regarder Supernatural ; je rêve de la perversion des frères Winchester (grrrr!). Revoir quelques personnes, exorciser quelques fantômes par le fait même. Il faudrait aussi que je dessine la carte de mes ambitions, le trajet, la valeur, la préhension. Je ne vais pas faire sauter un avion, comme Zoïle, dans Le Voyage d’hiver, mais j’espère changer quelque chose, quelque part, quelque odyssée.

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Point de litote.

Mon année commence sur un rythme inversé et je crois en l’idée que cette nouvelle tentative réussira mieux.

J’ai peut-être raté la lune bleue qui allait ponctuer les célébrations, mais j’en ai ressenti l’ambition, sa rareté et sa vague absurde.

Les journées d’hiver passent en rayon de lumière froide à travers les cils et les rideaux. Comme des secondes.

La tranquillité de mon ermitage nocturne, petit pèlerinage sur St-Denis, aube glorieuse qui accompagne ma descente :  j’aurai quatre saisons à découvrir dans ma nouvelle ville.

Je retrouve une jolie vision du roman qui m’anime. D’autant plus que je n’aurais plus à leur chercher des poux.

Même que j’ai trouvé Rue Deschambault dans le métro l’autre jour et que je l’ai dévoré. J’aurais un roman, moi aussi, si j’avais de tels voisins.

Le feu sauvage de l’amour a fini par me rattraper, littéralement. Je ferai mon deuil et j’essaierai d’éviter les femmes qui saignent.

Essayons de voir si les heir, hunter & elder aux hommes ce que sont aux femmes les maiden, wife & hag ; où sont les queers?

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Je ne sais pas ce qui motive ce billet, vraiment. Je suis en train de lire Paul Auster et, comme d’habitude, il me vient trop d’idées en le lisant, que sa lecture devient problématique. Je ne sais plus si je le trouve pédant ou intelligent. J’aime sa façon de voir les choses, mais pas ce qu’il dit. « Mais bon, y’a une bonne bonne pêche, c’est un homme mur, y’a des mômes, une voiture », dit Tryo, comme une drôle de réponse à sa phrase « Les livres naissent de l’ignorance, et s’ils continuent à vivre après avoir été écrits, ce n’est que dans la mesure où on ne peut les comprendre. » Est-ce que Paul Auster est résigné? Pourquoi ai-je l’impression que cette phrase n’est pas fausse, et que je suis devenu tel un vieux garçon devant la littérature ou, du moins, devant le roman? Qui ne cherche plus le coeur sommeille à son côté. Ai-je trop goûté mon ignorance dans le romanesque, dans le narratif, dans ce qui fait du monde un monde si agressif et vivant? Je n’ai pas encore vraiment saisi la nature du démon qui se cache sous la ville de New York, dans Léviathan. Je suis peut-être assez naïf pour ne pas croire à une mauvaise prémonition zéroéenne. Alors je préfère donner mes premières impressions, c’est mieux qu’une longue diatribe trop critique. Pour cette raison, je lirai toute la nuit, comme un sacrifice somniaque, comme le one-night stand du lonesome quadragénaire. Et je savourerai le roman sans vraiment comprendre sa pleine puissance.

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Une page de Nothomb

Je bénis l’inventeur des fiançailles. La vie est jalonnée d’épreuves solides comme la pierre ; une mécanique des fluides permets d’y circuler quand même. La Bible, ce superbe traité de morale à l’usage des cailloux, des rochers et des menhirs, nous enseigne d’admirables principes pétrifiés, « que Ton verbe soit oui? oui, non? non. Ce que l’on ajoute vient du Malin » – et ceux qui s’y tiennent sont des êtres inentamables et d’un seul tenant, estimés de tous. À l’opposé, il y a des créatures incapables de ces comportements granitiques et qui, pour avancer, ne peuvent que se faufiler, s’infiltrer, contourner. Quand on demande si oui ou non elles veulent épouser untel, elles suggèrent des fiançailles, noces liquides. Les patriarches pierreux voient en elles des traîtres ou des menteurs, alors qu’elles sont sincères à la manières de l’eau. Si je suis eau, quel sens cela a-t-il de te dire oui, je vais t’épouser? Oui, je t’irriguerai, je te prodiguerai ma richesse, je te rafraîchirai, j’apaiserai ta soif, mais que sais-je de ce que sera le cours de mon fleuve, tu ne te baigneras jamais deux fois dans la même fiancée. – Ni d’Ève ni d’Adam

Parce que personne n’aurait pu si bien parler de l’amour, du vrai, celui où l’un et l’autre demeurent intact, et pourtant se métamorphosent doucement d’une illusion si parfaite qu’elle ressemble à une foi sadique. Sacrée Amélie.

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« Je ne ressentis pas la peur à laquelle j’aurais été en droit de m’attendre, c’était plus bizarre que ça, je me sentais comme porté vers l’avant par le souffle de cheval, c’est étrange n’est-ce pas, et en même temps à tout instant, j’appréhendais quelque phénomène hors norme, comme le ciel qui s’entrouvre et plante à mes pieds un jet de foudre m’interdisant d’aller plus loin, ou de rencontrer à chaque détour de chemin tout à coup un précipice bouillonnant d’immenses fumées pourpres, mais rien de tout cela ne se produisait, et je continuais d’avancer en me disant ça parle au diable » – Gaétan Soucy, La petite fille qui aimait trop les allumettes

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Nor do the Laws of Nature become less constant of effective, when we khow them, likewise, to be merely mental creations. They are in full effect on the various planes. We overcome the lower laws, by applying still higher ones – and in this way only. – The Kybalion

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« Nous n’arrivons jamais à naître

Nous croyons écrire / Pour donner du sens au monde / Puis, nous écrivons par devoir / Puis, nous essayons d’écrire pour le plaisir

Mais nous ne savons rien du plaisir

Alors, on commence à dire : lorsque j’écrivais

Et tout cela est triste » – Marc Chabot, N’être rien

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Je mets mon propre blaze au défi d’avoir raison. J’éprouve depuis peu une crise du roman. Si rien ne me comble tous mes besoins romanesques, je me suis pourtant essayé cette fois avec Jean Barbe. Auteur et éditeur qui m’horripile d’abord par son passage faux-nez à TLMEP, je suis ce genre le lecteur dont le coeur de papier a été arraché par le manque d’humanité et de conscience de son auteure préférée. Je suis méfiant de ses grands cheveux d’argent, et je le suis autant des balles qui sifflent à mes oreilles, ou qui me passent sous le nez. Comment devenir un monstre me déçoit, je l’avais prédit d’avance, et au final? Cette fausse prémonition n’a que vingt pages à franchir avant de réellement pouvoir écrire mon nom dans le coin droit, en haut, d’une page blanche du début. Je n’ai pas vu le monstre dans le roman, on me garde en haleine de façon idiote. J’ai l’impression d’assister à un film d’horreur de série B, je sais que toutes les applications philosophiques sont étalées, bien évidentes, devant la populace. Je n’ai pas connu la guerre, autre celle de ma pauvre survie, qui constitue, en fait le talon d’Achille de toute guerre. Moi aussi je suis un littéraire qui aime la bouffe et qui considère que ses correspondances avec les mots dépassent la portée des sens. Big deal. Par contre, je respecte son talent pour le récit. Je serai toujours incapable d’y arriver et je m’agenouille toujours devant ceux qui captent mon attention pendant plus de vingt pages. C’est ce qui lui reste, à ce roman, pour trouver un chemin unique vers mon petit goût snobinard (everyone’s a critic). J’irais donc me plonger sous quelques centimètres d’eau urbanisée afin de profiter de cet excipit tant attendu.

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J’ai mal au ventre d’avoir d’étranges pulsions littéraires. Comme j’ai lancé jadis, en classe, que je voulais aller à l’université et faire mon baccalauréat, sans même savoir ce que c’était, je me vois maintenant vouloir essayer la création. La vraie. Non, je n’aurais point d’enfant, mais peut-être bien un petit recueil, ou un texte de taille considérable, qui satisferont mon ego et mon trop-plein d’idée. On ne publie jamais réellement comme on veut, dis-je sans connaissance de la chose. Aussi n’oserais-je pas parler contre la cousine schizophrène de la médecine, notre belle recherche littéraire, ou critique comme certains l’aiment, mais j’ai l’impression d’être pris dans la paraffine de mon mémoire. Je suis en amour avec les romans qui « m’incombent », ils m’offrent toujours un différent côté d’eux-mêmes. Mais j’en ai soupé de cette belle lune rivardienne que je veux maîtriser, je veux pouvoir réchauffer mes mots sur des pages plus ensoleillées. Les traîner sous quelque ciel dégivré des vents souvent trop froids de la recherche. Auparavant, ces frissons étaient ceux de mon inspiration, cela peut-il changer avec le temps et sa famille de fouteurs de merde? Je n’ai pas le courage de mes compagnons, j’attends de voir, sur la ligne mitoyenne, qui va gagner la bataille sur mon pauvre cerveau. Je n’ai sûrement pas le courage de mon sang, ma mère et mes soeurs qui, comme des Amazones désorientées, déversent toujours leurs flèches sur la population. Ni même le courage de mes mots, ne peux nommer, agrafer, replier, pour que les gens s’abreuvent d’un peu de lumière, de chaleur, de force. J’ai les pulsions d’un pauvre scribe qui envie l’auteur(e) et ses belles boucles huilées. Je n’en ai guère l’instinct. Mon premier roman d’ados existe toujours sur cette vieille disquette rouge, comme une amulette passéiste. Il me renvoie virtuellement, ironiquement et suspicieusement, que j’ai été capable une fois, je ne le serai plus. C’est peut-être l’inconvénient d’avoir fait trop, trop tôt. Je décide peut-être d’obtempérer, mais le temps me rattrapera sûrement, encore. J’ai le goût de rire et d’aller uriner sur le cadran solaire du Grand Axe lavallois. Si j’avais eu l’instinct d’un auteur, j’aurais peut-être pensé à le faire à chaque initiation universitaire. J’aurais mangé mes blés-d’Inde et bu ma bière avec un calepin rempli de conneries. Ma faim est celle d’un rat aviné, totem de l’homme conscient de son ivresse, son inverse, sa nervosité. Je devrais écrire des chansons, de belles paroles squelettiques sans musique aucune. Je laisse aux musiciens dont l’herbe a fini de pousser le soin de dégeler les restes dans trois mois. Et que cette faim se calme, par quelque billet, qui me fait passer le goût des poèmes inutiles et intraduisibles, et des impossibles essais pour lesquels je suis encore trop jeune. J’imagine que ceci donnera éventuellement naissance à quelque chose de plus grand, qui épuisera mes doigts à jamais, me réveillera de regrets la nuit, et qui aura écrasé la vieille disquette rouge.

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BOS

Je n’ai pas l’écriture au bout des doigts, ces temps-ci. Aucun gribouillis ne semble assez satisfaisant, comme le serait un graffiti dans la Bible du Pape, par exemple. Alors je rayonne ailleurs, sur les pages de mes vieux livres cachés, je les sors de l’ombre de leur coffre. Je retourne dans les anciens secrets, parce que les nouveaux ont perdus un peu de leur sens. Il faut les relire de plus loin. J’aimerais dire que ces livres sont ceux d’auteurs magnifiques comme Fedor, dont le Raskolnikov creusait sa tombe en se promenant dans sa vieille ville. Comme Balzac et ses charmants, sinon lassants récits. Rien de tel, vraiment. Les titres n’ont rien à voir, sont-ils vraiment des livres ou littérature? Voilà pourquoi je n’écris que blanc sur noir. Je recadre un peu le cherche-étoiles qui traîne sur mon bureau, je profite de l’espace qui m’est accordé, je transcris quelques étranges cartes au savoir, et je m’enivre de mon absurdité. C’est un geste féminin, comme un journal, un autre livre de cuisine*. Bientôt, je sais, j’aurais le goût d’écrire de la poésie, de partir pour en écrire qu’on ne lira pas, d’aller me voir ailleurs, narcissique qu’on m’a dit. Dans l’entre-deux, que brûlent les feux de l’été et que vos récoltes soient abondantes!

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J’avais le goût d’inventer des personnages. Des avatars pécuniaires de n’importe quoi se trouvant en moi. De leur faire vivre ce qui se passe dans la ruelle, à l’arrière, avec les gnomes dans la cour des lumières. Leur écraser le dedans avec ma paume, pour voir de vraies entrailles pourries, trop pleines. Quel est l’air de la fiction, je l’ignore vraiment. C’est une voie qui ne me mène à rien, j’en ai peur. Je n’en ai ni le contrôle ni le talent. Je n’ai pas le souffle pour la faire parler. Comme si je parlais vraiment ailleurs. Les personnages me seraient utiles, mais pas leur présence. Je préfère être seul que de leur permettre de m’observer. Quel est ce jugement qui provient de la fiction? Peut-elle vraiment remplir ses promesses sans se perdre dans la critique des moi, dans les eaux usées de l’invention? Je suis intrigué comme le chat devant la fenêtre. Je résiste en vieux garçon du verbe. Je ne mordrais peut-être jamais assez ma langue pour en sacrifier l’énergie qui créera la fiction. Une autre malédiction.

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Je suis né il y a presque 25 ans. Notre jeunesse au Saguenay a été un beau banc d’essai, une belle manière d’expérimenter le monde extérieur avant d’y jeter tête baissée tout notre intérieur, dans la mêlée poétique. J’ai lu beaucoup depuis, en cinq années d’étranges motifs, on voit les fleurs dans le tapis s’atténuer, devenir une occurrence de plus dans le long long tissage. En ce cinq ans-plus-tard, je relis des vieux trucs, des qui logent dans les bas étages de bibliothèque, des qui se taillent une forme sur la toile des salles de cinéma. J’ai écrit ceci, à 19 ans, prophète que je fus.

Je suis né il y a vingt ans et…

J’ai rêvé d’une terre, d’où les richesses abondent, je l’ai eu. J’ai rêvé d’un peuple libre, coloré en bleu, je l’ai eu. J’ai imaginé une foule qui danse autour d’un feu, on me l’a donnée. J’ai voulu un pays petit, mais plus grand que le monde, et j’y vis. Puis on me l’a détruit… Avec de bonnes intentions, tachées du sang des pauvres. Avec des vérités, dont la justice se sauve. Oublié par les aveugles dans leur prison dorée, évincé par les faux maîtres des affamés repus. Parce que ceux qui voulait, n’ont pas pu, parce que ceux qui ont pu n’y avaient pas pensé. Maintenant, je rêve… D’une terre saine, où l’on récolte ce que l’on sème, d’un pays affranchi, où le fils n’est pas le père, d’un peuple déférent, qui ne crée que des prophètes, et d’un monde où le beau temps reste avec la pluie.

Malgré le petit manque d’originalité dans les thèmes, on voit que ce que j’étais, et ce qu’il reste de nous. Nous étions si idéalistes, les petits bleuets d’argiles et de savoir. J’en ressens les échos lointains, sur une trame sonore presque quétainement nostalgique. Nous poussions sur le bord des cours d’eau et des lacs. Je suis le fleuve, plus au sud encore. Le poème me donne rendez-vous dans 5 ans, quand la vingtaine sera un vieux nombre désuet, un souvenir de sagesse, inscrit dans la marge. Ou qu’encore une fois, je relis les lignes invisibles qui se tracent dans la grande main de la nature.

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