Archive for juillet 2009

J’ai mal au ventre d’avoir d’étranges pulsions littéraires. Comme j’ai lancé jadis, en classe, que je voulais aller à l’université et faire mon baccalauréat, sans même savoir ce que c’était, je me vois maintenant vouloir essayer la création. La vraie. Non, je n’aurais point d’enfant, mais peut-être bien un petit recueil, ou un texte de taille considérable, qui satisferont mon ego et mon trop-plein d’idée. On ne publie jamais réellement comme on veut, dis-je sans connaissance de la chose. Aussi n’oserais-je pas parler contre la cousine schizophrène de la médecine, notre belle recherche littéraire, ou critique comme certains l’aiment, mais j’ai l’impression d’être pris dans la paraffine de mon mémoire. Je suis en amour avec les romans qui « m’incombent », ils m’offrent toujours un différent côté d’eux-mêmes. Mais j’en ai soupé de cette belle lune rivardienne que je veux maîtriser, je veux pouvoir réchauffer mes mots sur des pages plus ensoleillées. Les traîner sous quelque ciel dégivré des vents souvent trop froids de la recherche. Auparavant, ces frissons étaient ceux de mon inspiration, cela peut-il changer avec le temps et sa famille de fouteurs de merde? Je n’ai pas le courage de mes compagnons, j’attends de voir, sur la ligne mitoyenne, qui va gagner la bataille sur mon pauvre cerveau. Je n’ai sûrement pas le courage de mon sang, ma mère et mes soeurs qui, comme des Amazones désorientées, déversent toujours leurs flèches sur la population. Ni même le courage de mes mots, ne peux nommer, agrafer, replier, pour que les gens s’abreuvent d’un peu de lumière, de chaleur, de force. J’ai les pulsions d’un pauvre scribe qui envie l’auteur(e) et ses belles boucles huilées. Je n’en ai guère l’instinct. Mon premier roman d’ados existe toujours sur cette vieille disquette rouge, comme une amulette passéiste. Il me renvoie virtuellement, ironiquement et suspicieusement, que j’ai été capable une fois, je ne le serai plus. C’est peut-être l’inconvénient d’avoir fait trop, trop tôt. Je décide peut-être d’obtempérer, mais le temps me rattrapera sûrement, encore. J’ai le goût de rire et d’aller uriner sur le cadran solaire du Grand Axe lavallois. Si j’avais eu l’instinct d’un auteur, j’aurais peut-être pensé à le faire à chaque initiation universitaire. J’aurais mangé mes blés-d’Inde et bu ma bière avec un calepin rempli de conneries. Ma faim est celle d’un rat aviné, totem de l’homme conscient de son ivresse, son inverse, sa nervosité. Je devrais écrire des chansons, de belles paroles squelettiques sans musique aucune. Je laisse aux musiciens dont l’herbe a fini de pousser le soin de dégeler les restes dans trois mois. Et que cette faim se calme, par quelque billet, qui me fait passer le goût des poèmes inutiles et intraduisibles, et des impossibles essais pour lesquels je suis encore trop jeune. J’imagine que ceci donnera éventuellement naissance à quelque chose de plus grand, qui épuisera mes doigts à jamais, me réveillera de regrets la nuit, et qui aura écrasé la vieille disquette rouge.

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Je dois, une fois de plus, avoir recours aux sphères de l’enfance, de la foi naïve et des souvenirs, pour à circonscrire le point rouillé et émoussé qui comprime une bonne partie de mon cerveau. J’aimerais nommer cette partie, mais malheureusement, l’enfant qui s’apprête à déverser son bac à sable sur les fleurs du voisin, a perdu la mémoire. Lorsque ces images étaient encore vieilles de la veille, nous jouions vraiment à croire en leur vraisemblance. Les bonnes vieilles blagues avortées, les dessins au feutre sur les escaliers en bois, certains sombres endroits, les trois piliers du moi idéalisé. Il n’y avait qu’un labyrinthe, c’était la grande mascarade de l’école secondaire, des amitiés primitives. Nous savions qui faisait la ronde de siècle en siècle. Nous savions qui allait franchir les stades de l’image vers le souvenir et terminer la game, enblasonné d’éternité et de joie enfantine. C’était notre foi, prise en rhizomes dans le fond du bac. Nulle transition, de la femme à l’homme, de l’animal à l’esprit adulte d’un polichinelle endetté, qui puisse raviver autant de souvenirs intrinsèques, comme des serments fraternels. J’en ai oublié les termes et les signatures se sont effacées au bas de la page, ces contrats ne sont autre chose qu’un emblème de notre présent. 

crâne

Que veille sur nous la banalité de nos discours, que le soleil s’ajoute à la pluie et aux coups de crayons, le palimpseste a l’épaisseur de notre peau. En attendant, baissant les bras, partant de côté ou dans la marge du bon sens, nos courses s’achèveront de toute façon dans des directions opposées. Je finirai sûrement par déclarer, les mains dans les poches, que le monde n’a pas appris à jouer comme moi ou que les règles ne sont pas justes. Dommage que je ne sois pas né dans l’absolu Saguenay, l’absolu soluté de nos biens privés. Nous aurions les mêmes croûtes à manger, les mêmes discours à réciter pour le petit Jésus. Voilà pourquoi je ne suis pas crédible en protagoniste, ni le méchant loup, ni la barbe bleue ne m’en veut! Comme eux, j’avais et j’aurais besoin d’un petit passage, sombre et vindicatif, en diagonal, pour m’éviter les foules, peut-être dans une autre partie de mon cerveau.

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